Michaël Jérémiasz tennisman en fauteuil.

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Se reconstruire grâce au sport


Michaël Jérémiasz est joueur de tennis en fauteuil professionnel, trois fois médaillé paralympique en simple et en double (or en double), il a été n°1 mondial en simple en 2005 et a remporté 8 tournois du grand chelem en simple (2) et en double (6).

Il nous fait partager sa passion pour le sport et nous explique les facteurs qui lui ont permis de se reconstruire après son accident pour devenir sportif de haut niveau. Enfin il porte un regard éclairé sur la reconnaissance du handicap et du tennis handisport dans notre société.

Nous vous proposons de découvrir l’interview de Michaël Jérémiasz réalisée par le service presse du BNP Paribas Open de France de Tennis Handisport.

Michael Jérémiasz, racontez-nous votre parcours

J’ai 29 ans, je suis joueur de tennis en fauteuil professionnel. Cela fait maintenant 10 ans que je joue dans cette discipline.

J’ai commencé le tennis valide à l’âge de 5 ans et jusqu’à l’âge de 18 ans ou j’ai eu un accident de ski qui m’a rendu paraplégique incomplet. Un an après cet accident je me suis mis à pratiquer le tennis en fauteuil et cela m’a beaucoup plu. Je retrouvais des sensations du tennis valide mais j’ai quand même dû m’adapter et apprendre pas mal de choses, notamment la mobilité.

Je partageais mon temps entre mes études de langue à la fac et le tennis en fauteuil. Puis il a fallu faire un choix. A savoir, arrêter mes études après un deug pour me consacrer à plein temps au tennis professionnel en fauteuil. J’ai pu réaliser ce projet grâce à ma famille, mes partenaires et aussi grâce aux gains obtenus peu à peu dans les tournois.

Comment se remettre au sport après un grave accident ?

Ce n’est pas nous qui prenons cette décision . Les centres de rééducation ont la bonne idée de nous faire pratiquer des activités physiques dès que l’on peut s’installer dans un fauteuil roulant et commencer la rééducation. On fait de la musculation parce que notre outil de déplacement n’est plus nos jambes mais nos bras. Il faut donc développer le haut du corps. Nous pratiquons aussi beaucoup de natation pour diminuer la sensation de pesanteur que l’on ressent lorsque l’on est assis toute la journée dans un fauteuil. Le corps parait peser des tonnes, les jambes sont lourdes mais on ne les sent plus. Rien de tel que la piscine ou la balnéothérapie pour éprouver cette sensation de liberté que l’on ne retrouve que dans cet élément.

J’ai toujours été sportif et cela m’a rapidement plu de faire beaucoup de sport pour me reconstruire et par plaisir. Et puis c’est toujours plaisant, à 18 ans, de faire de la musculation et de voir son corps se développer. Cela m’a aussi prouvé que je pouvais de cette manière être beaucoup plus autonome sur mon fauteuil en étant plus fort dans le haut du corps.

La pratique du tennis est venu très rapidement, quelques mois après l’accident. J’ai joué par hasard dans mon centre de rééducation avec un des professeurs de sport et j’y ai pris tout de suite beaucoup de plaisir. Je me suis lancé et j’ai découvert qu’il s’agissait d’un sport paralympique grâce auquel j’ai pu remporter plus tard des médailles.

Le sport est selon moi indispensable pour n’importe quel être humain, notamment pour les personnes victimes d’un accident car c’est un très bon moyen pour se reconstruire.

Michael Jérémiasz, comment avez-vous surmonté votre accident ?

Lorsque vous êtes victime d’un accident, à 18 ans ou plus tard, c’est évidemment très dur. On doit passer par un processus d’acceptation et de découverte de son nouveau corps. Plusieurs facteurs contribue à se remettre : L’entourage qui aide énormément et puis son propre tempérament, sa façon de voir la vie et les objectifs que l’on se fixe. Je pense être quelqu’un de fondamentalement optimiste et je vois aujourd’hui mon fauteuil uniquement comme un moyen de déplacement.

Se remotiver et retrouver du plaisir à être tout simplement ce qu’on est, nécessite des mois de travail. Un travail sur soi-même et avec ses proches. Pour moi, le meilleur moyen a été de continuer à avoir des objectifs, des passions, des activités. C’est ce que j’ai fait depuis 11 ans et ce que je continue toujours à faire. C’est évidemment difficile et j’ai eu beaucoup de chance car j’ai ce caractère et aussi un entourage qui m’a toujours accompagné et supporté dans mes projets les plus fous.

Quelles sont les différences fondamentales entre le tennis valide et le tennis en fauteuil ?

Il y a une différence de règle. Le tennis en fauteuil autorise 2 rebonds, si nécessaire. On constate qu’on joue de plus en plus au 1er rebond à haut niveau car les joueurs sont de plus en plus rapides et jouent toujours plus vite. Finalement, cela se rapproche du tennis valide dans la façon de pratiquer. Cela reste du tennis avec du service, des retours, des amorties, des volées.

Bien sûr on ne peut pas faire de coups sous les jambes et la notion de replacement n’est pas la même. Il n’y a pas de reprise d’appuis, de pas chassés ou de sauts quand vous êtes lobés. Il faut rester tout le temps en mouvement. On dit souvent dans le tennis valide qu’il faut être bien stable et ancré au moment de la frappe alors que nous, (nous) devons être en permanence en mouvement.

Cela nécessite beaucoup de travail de la mobilité et du haut du corps pour compenser le fait qu’il n’y ait pas de jambes pour effectuer, par exemple, des pas d’ajustement.

Où en est la reconnaissance du tennis en fauteuil ?

Avant de parler de reconnaissance du tennis Handisport, il faut traiter de la reconnaissance du handicap, de l’intégration et l’acceptation du handicap dans la société. La France a encore beaucoup de retard sur d’autres pays, notamment les pays anglo-saxons. Donc aujourd’hui, avant même d’espérer qu’il y ait une vraie reconnaissance du tennis en fauteuil, il faut d’abord penser à l’intégration des personnes en situation de handicap dans la société, dans le monde du travail et bien avant cela, dans le système éducatif avec les écoles mixtes. Je pense aussi à l’amélioration de l’accessibilité dans les transports. Il y a encore beaucoup de chose à faire dans toutes les strates de la société et, naturellement, de cela découlera une médiatisation plus importante du tennis de haut niveau en fauteuil.

Je pense qu’on peut tout à fait rendre le tennis en fauteuil intéressant et excitant à voir, autant que d’autre sports médiatisés. Tous les gens qui viennent voir le tennis en fauteuil sont toujours bluffés et impressionnés par ce qu’on est capable de faire. Je sais qu’il y a encore du travail dans les domaines de l’intégration et de l’acceptation de la différence.

Une prise de conscience des médias est également nécessaire. On le voit à Roland Garros où France Télévision propose une dizaine d’heures de retransmission quotidienne pour parler du tennis valide et quelques secondes seulement pour parler du tournoi de tennis en fauteuil.

Je souhaite que les jeux paralympiques de Londres en 2012 permettent une vraie reconnaissance de notre discipline et du professionnalisme des athlètes qui la compose.


¦› Pour aller plus loin avec Michael Jérémiasz

– Michaël Jérémiasz soutient le projet « Je roule pour le tennis » qui a pour but de soutenir les athlètes paralympiques qui vont participer aux jeux de Londres 2012 et de changer le regard face au handicap.

– Michaël Jérémiasz et Marc Germanangue viennent de publier « Tant d’histoires pour un fauteuil » aux éditions Broché. L’originalité de ce livre est de traiter du handicap à travers les regards croisés du sportif et des personnes qu’il a rencontrées.

 Interview réalisée par Yves calvi sur RTL à la sortie de son livre.

– Interview de Michaël Jérémiasz dans l’émission « C’est au programme » sur France 2 :

– Page Facebook de Michaël Jérémiasz :

– Interviews vidéo de Michaël Jeremiasz et Stéphane HOUDET à l’open BNP Paribas Open de France 2011 sur Canal INSEP

Stéphane Houdet est joueur professionnel de tennis en fauteuil, il a remporté 7 titres du Grand Chelem et 1 médaille d’or en double aux jeux paralympiques en double. Il a également été n°1 mondial en double et n°2 en simple.

– Suivre Stéphane Houdet et la Mission London 2012.

– Pour en savoir plus sur le tennis en fauteuil et suivre son actualité  :

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