La mission relationnelle de l’éducateur sportif

Bruno DevezeDossiers2 Commentaires

éducateur

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La mission relationnelle de l’éducateur sportif est une dimension importante de l’apprentissage. Un des rôles de l’éducateur sportif, de l’entraîneur, est de participer à l’éducation des enfants et des adolescents dont il a la charge.
Dans le terme « éduquer », et au-delà des acquisitions liées à la pratique du tennis, chacun met un certain nombre de valeurs, de finalités qui semblent aujourd’hui assez généralement partagées dans notre milieu : respect de soi-même et des autres (joueurs, enseignants), dépassement de soi, plaisir de jouer, autonomie, qualité relationnelle…
Comme toutes les finalités, celles-ci constituent des intentions difficiles à atteindre, mais elles n’en sont pas moins des directions, des axes indispensables à la mission relationnelle de l’éducateur sportif. Les moyens concrets pour y tendre, à travers la compétition, les exercices, l’animation des groupes, la communication relationnelle, font l’objet du quotidien de chaque enseignant et sont, bien entendu, abordés dans les programmes de formation professionnelle des enseignants.
Une analyse de Gérard PESTRE

¦› La mission relationnelle de l’éducateur sportif: son importance

La dimension relationnelle de cette mission d’éducation sportive est, cependant, souvent laissée à l’appréciation de chaque enseignant.

Les attitudes qu’il adopte avec les enfants et les adolescents sont le fruit de sa propre expérience lorsqu’il était lui-même enfant, élève, joueur, apprenti puis enseignant. Ce parcours personnel et l’ensemble des relations qu’il a vécues avec ces adultes responsables de lui, conditionnent pour beaucoup la place qu’il accorde lui-même à l’autorité, la distance qu’il installe avec ses élèves, sa patience (ou son impatience), sa qualité d’écoute et de compréhension, son niveau d’exigence…

Pour installer un climat favorable à l’apprentissage, au perfectionnement, à l’entraînement, la qualité relationnelle de l’éducateur sportif est essentielle. Apprendre avec son professeur, son entraîneur, dans une relation riche faite de respect et d’amitié est plus aisé, plus riche, plus solide que de le faire dans la crainte, l’indifférence ou l’agressivité.

Tout naturellement, si l’enseignant est attentif à ses élèves, s’il reconnaît leurs efforts d’apprentissage, s’il les aide dans les moments difficiles, lorsqu’ils ratent ou lorsqu’ils perdent, et s’il les soutient de sa « bienveillance », il va alors se mettre en place un « flux d’affects » positif de l’élève vers l’entraîneur. Une qualité relationnelle faite de respect, de reconnaissance et d’affection, voire d’admiration pour cette personne supposées savoir autant de choses sur elle et sur un objet commun, le tennis.

Mais il est difficile pour un enfant ou un adolescent (un adulte aussi, mais ce n’est pas l’objet de notre article) de dissocier les sentiments. Cela forme un tout.

Pour faire vite, on peut dire que, dans les cas positifs, l’élève « aime » son professeur. Cela est bien pour son apprentissage, mais aussi pour sa maturation, car il va s’approprier progressivement certaines qualités de son enseignant, auquel il va s’identifier.

Pour définir ces sentiments éprouvés par un élève vis-à-vis de son professeur, des chercheurs en Sciences de l’Éducation parlent de transfert, empruntant ce mot à la psychanalyse. Ces affects sont adressés à la femme ou à l’homme enseignant, mais, d’une manière plus large, ils sont liés avant tout à la position de cet enseignant : son autorité, son statut, ses différents savoirs. D’une manière secondaire, quoique très importante, ils sont liés également à son aspect, sa prestance, ses gestes, son écoute, sa compétence relationnelle…


¦›
La séduction pédagogique, composante nécessaire à l’apprentissage

Séduction et…séduction

L’enseignant de son côté, met en place des situations d’apprentissage ou d’entraînement favorisantes, et tente de provoquer l’adhésion de son élève à son enseignement. Il essaie pour cela de le « séduire », au sens large du terme, c’est-à-dire de lui donner les conditions relationnelles, situationnelles, techniques, utiles à son apprentissage. Cette séduction apparaît alors comme une composante nécessaire à l’apprentissage et au perfectionnement.

L’enseignant va, lui aussi, éprouver des sentiments pour son élève. Sur un versant positif : sympathie, affection, admiration… Sur un versant négatif : irritation, agressivité voire antipathie,
même si cela est souvent difficile à reconnaître pour un éducateur. Fréquemment, les sentiments sont ambivalents : par moment positifs, par moment négatifs… Ils résultent de la propre histoire de l’enseignant, mais aussi de ses réactions aux affects de l’enfant ou de l’adolescent. Qui ne réagirait pas positivement au respect, à l’affection de l’autre ?  Nous pouvons dire que l’enseignant vit un « contre-transfert » mélange de ses propres affects spontanés et des réactions aux affects de l’enfant.

Dans ces deux termes, transfert et contre-transfert se noue la partie relationnelle du rapport pédagogique. Cette relation est faite d’un niveau conscient : « Je suis capable de formuler ce que j’éprouve, d’observer l’autre et soi-même dans la relation, de contrôler ce qui se passe », mais aussi d’un niveau inconscient : « Je ne sais pas vraiment ce qui se joue, à mon insu, dans cette situation relationnelle, mais un certain nombre de choses agissent en moi, me touchent d’une manière ou d’une autre ».

C’est là que la notion de séduction peut être à nouveau étudiée et rapprochée de l’intelligence relationnelle : une séduction au sens pédagogique du terme, nous l’avons vu, est nécessaire à la mise en place d’une bonne relation d’apprentissage et de perfectionnement : être vivant, attractif, susciter l’intérêt, permettre à l’autre de prendre du plaisir au jeu, à la progression…

Seconde partie : Complexité de la relation entraîneur/joueuse »

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2 Comments on “La mission relationnelle de l’éducateur sportif”

  1. Laurent

    Merci Gérard pour ces compléments d’information !

    Je me disais qu’il serait intéressant de proposer une traduction de ton article et de le mettre en ligne au Brésil…en respectant son origine (auteur, site, blog TFF) ? Qu’en penses tu ?

    1. Gérard

      Bonjour Laurent, merci pour tes appréciations..Bien entendu, on peut tout à fait traduire en brésilien. A bientôt, Gérard

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