La gagne, une expression, une culture

Patrice GRUETDossiersLaisser un commentaire

La culture de la gagne

Une expression revient souvent dans le champ lexical du sport : « la culture de la gagne ».
Curieux d’en savoir plus sur cette expression devenue quasi « générique », nous avons mené notre petite enquête en regardant notamment ce qu’en disent quelques ténors du sport français.  

Sport_Culture_GagneRéaliser ses objectifs, accomplir ses rêves

Plusieurs questions gravitent inévitablement autour de cet adage : « D’où vient cette expression? D’où viens cette culture, cet état? Est-ce que cette culture s’applique uniquement chez les sportifs ou chez les professionnels au sens plus large? S’agit-il d’un état d’esprit inné chez le compétiteur ou de quelque chose qui s’acquiert progressivement? Provient-elle du sportif lui-même, ou est-elle transmise par un entraineur, un ami, un parent? S’agit-il d’une composante déterminante de la performance dans toute discipline sportive?… »

« Un sportif et un entraîneur ne valent que par l’idéal, la foi, l’enthousiasme et la détermination qui les animent« Jacques Piasenta

«La culture de la gagne, c’est s’engager dans un projet fort, ambitieux et mettre tout en œuvre pour le réaliser. »

La triathlète française Carole Péon tente de définir cette expression : «La culture de la gagne, c’est s’engager dans un projet fort, ambitieux et mettre tout en œuvre pour le réaliser. »
Plus largement, elle pense qu’il s’agit «d’exprimer sa détermination et son talent en toutes circonstances en s’appuyant sur ce que peut offrir l’extérieur en termes de compétences, de connaissances, de moyens humain, matériel, financier… ».
Être à l’aise techniquement et avoir des qualités athlétiques ne suffisent pas toujours à obtenir du résultat. L’état d’esprit à un impact décisif pour relever n’importe quel challenge.

Un pour tous, tous pour une culture de la gagne ?

Quel que soit l’angle d’attaque choisi pour appréhender la culture de la gagne, on observe qu’elle est généralement associée au haut niveau. Comme l’évoquait Didier Deschamps, sélectionneur de l’équipe de France et ancien entraîneur de l’OM, la culture de la gagne « est inscrite dans l’ADN » de tous les grands clubs sportifs.
Ces grands clubs entretiennent cette culture et cet esprit en intégrant des anciens champions dans le staff. Ceci permet de perpétuer cet état d’esprit et le transmettre aux joueurs, notamment aux nouveaux. Toujours selon Didier Deschamps, philosophe du ballon rond, « le vrai talent, c’est d’en donner aux autres« .

Attention tout de même, il est important que cet état d’esprit ne concerne pas uniquement que le haut et très haut-niveau. Dans son dernier ouvrage, Jacques Piasenta, entraîneur d’athlétisme dont la renommée dépasse nos frontières, démontre que la culture de la gagne « concerne tous les sportifs et à tous les niveaux

Il déclare : « Tout au long de sa vie on peut développer une culture de la gagne en fonction de ses capacités et de son âge, l’essentiel étant de se fixer des objectifs exigeants mais atteignables». Il poursuit « La gagne c’est d’abord par rapport à soi-même. La passion doit suffire ».

Si la culture de la gagne, élément clé de la réussite sportive, tend à s’appliquer à tous les profils de professionnels, quelles en sont les composantes? Jacques Piasenta nous en donne un premier aperçu : « un sportif et un entraineur ne valent que par l’idéal, la foi, l’enthousiasme et la détermination qui les animent ».

Les 10 commandements et composantes de la culture de la gagne 

Jean Marc Sabatier et Pier Gauthier, spécialistes de la communication et du mental du sportif, dressent quant à eux une liste des fondamentaux entrant en jeu dans la force mentale du sportif.

L’environnement

Le sportif a besoin d’un environnement aidant qui lui offre des valeurs fortes telles que le courage, l’humilité, le dépassement de soi ou le respect, une vision à long terme de la réussite, le développement de croyances positives.

Le soutien dans la gagne

Le professionnel à besoin du soutien inconditionnel de ses proches aussi bien lors des victoires que des défaites. Ces différents facteurs influencent fortement l’estime de soi et ce dès l’enfance du jeune sportif.

L’alliance « exigence et plaisir »

Il est évident que pour atteindre l’excellence dans un domaine, des heures de pratique, de répétitions et entrainement sont nécessaires. Pour autant, nul besoin d’occulter la notion de plaisir.

Un projet à long terme

Le rêve est un moteur puissant pour activer toutes les ressources nécessaires à la réalisation d’un projet. Il précède la mise en mouvement vers l’objectif que l’on souhaite atteindre. Et ce rêve est souvent accompagné d’une motivation forte.

La confiance en soi dans la gagne

Indépendamment du résultat immédiat, le sportif doit pouvoir se lancer de nouveaux défis sans avoir peur d’un échec ou d’un réajustement de ses objectifs.

Connaître ses forces, ses faiblesses pour évaluer ses limites.

L’assiduité

Notamment pendant les entraînements malgré une baisse de régime éventuelle. « Ne rien lâcher » exhorte Carole Péon.

La remise en question

Il le faut, souvent, en fonction du contexte afin de rester ouvert à des propositions extérieures : « Mieux comprendre le contexte [et les enjeux de sa discipline], c’est pouvoir penser ses objectifs, ses modèles, ses relations, son investissement et se reprogrammer dans le sens d’un comportement adapté à la poursuite d’objectifs adéquats, modifiables à chaque instant par l’analyse critique. » nous dit Olivier Lafay.

La persévérance et la gagne

Malgré les échecs, les doutes, et en n’en tirant les enseignements. Ce moment d’autoévaluation est un temps essentiel. Il évite de nombreux écueils suite à une défaite: l’auto sabotage, l’identification du type «  j’ai mal joué donc je suis nul », le perfectionnisme ou la non responsabilisation

Apprendre à gérer le public (quand il y en a…)

Faire alliance avec celui-ci sans craindre d’être jugé ou dévalorisé par le regard extérieur mais au contraire en s’en servant comme une ressources pour mieux performer. Pour les champions cela peut passer par la maîtrise de sa communication auprès des médias.

Il est intéressant, et pas si étonnant, de voir que ces mêmes conseils peuvent s’appliquer par extension au monde de l’entreprise.

La culture de la gagne ? Oui, mais pas à n’importe quel prix.

Si la culture de la gagne reste une composante essentielle de la réussite sportive, ce facteur peut être pondéré. Les propos de l’ancien entraîneur de Lorient Christian Gourcuff illustrent ce point de vue. Il promeut la place accordée au jeu par rapport aux résultats :

« Le résultat, pour moi, c’est le fruit de l’épanouissement. Je ne pense pas qu’on puisse avoir des résultats, de façon durable, si le seul objectif est de gagner« Christian Gourcuff

« Le résultat, pour moi, c’est le fruit de l’épanouissement. Je ne pense pas qu’on puisse avoir des résultats, de façon durable, si le seul objectif est de gagner. La culture de la gagne, je crois que c’est une escroquerie. Vouloir gagner, évidemment, ça fait partie de la compétition, mais ce sont les moyens pour y arriver qui sont les fondements du sport : l’épanouissement, le plaisir, la progression du joueur. La progression amène les résultats naturellement. »

Comme quoi, la manière de jouer, et surtout le plaisir que l’on prend à jouer peut aussi bien conditionner un joueur que le résultat final.

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Article rédigé par Meera Albrecht.


 

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