Mordu de Tennis depuis longtemps, Hugo Fontaine, 25 ans et licencié STAPS, est parvenu à allier passion et métier. Sa solution? Faire une formation en alternance d’un an et demi de moniteur DEJEPS tennis, délivrant un diplôme d’équivalence bac+2.
Deux ans après la fin de sa formation DEJEPS, nous l’avons rencontré dans son club pour qu’il nous parle de ses impressions, ses ambitions mais aussi de ses doutes sur le métier d’entraîneur de Tennis…
« Je fais ce que j’aime, être en jogging tous les jours, avoir des horaires décalés »Hugo Fontaine
Centre de formation Trans-Faire : ta vie a-t-elle changé depuis l’obtention du diplôme de moniteur DEJEPS tennis ? Comment s’est passé la transition professionnelle ?
Hugo Fontaine : ça s’est globalement bien passé. Je fais ce que j’aime, être en jogging tous les jours, avoir des horaires décalés même si je me rends compte que c’est un peu déstabilisant. Être autonome, être chaque jour en lien avec sa passion, c’est ce qui me plait.
Mais ce n’est pas toujours évident de rester dans la démarche pédagogique qu’on nous a enseigné en formation. J’essaye au maximum de le faire mais la réalité des groupes fait qu’il est parfois plus pertinent de faire de l’animation que de la technique pure et dure. Il faut s’adapter et se remettre en question en fonction de la motivation de chacun.
Pourquoi as-tu décidé de suivre une formation de moniteur DEJEPS tennis ?
HF : Suite à ma formation STAPS (licence), j’étais passionné de tennis, j’ai souhaité en faire mon métier car je souhaitais vivre de ma passion et la transmettre en plus.
Par contre, pour être franc, je n’avais pas du tout travaillé la pédagogie en STAPS et peu la technique. En effet on acquiert des connaissances techniques sur différentes activités physiques et sportives mais la façon de l’enseigner et de transmettre ces connaissances ne sont pas du tout abordées en licence.
Comment as-tu négocié ton entrée dans la vie de professionnel du tennis ?
HF : Très bien puisque le club avec lequel j’étais en alternance m’a proposé un contrat à la suite de ma formation. J’ai pu par la suite compléter mon planning avec un autre club que je connais bien. Au final j’ai donc un calendrier bien chargé !
Je débute, je n’ai donc que des heures de terrain pour le moment ce qui est assez fatiguant quand ça varie entre 35 et 40 heures par semaine.
« Nous devons lutter contre la routine et travailler dur pour développer la vie du club »Hugo Fontaine
Ta perception du milieu du club a-t-elle changée depuis l’obtention de ton diplôme de moniteur DEJEPS tennis?
HF : J’ai proposé beaucoup de projets pour le club, ce que j’ai appris en formation. Mais la mise en œuvre est toujours difficile car elle dépend des dirigeants. Je m’aperçois que ce n’est pas facile de les convaincre et surtout, pour ma part, de les faire œuvrer pour telle ou telle cause. Nous devons lutter contre la routine et travailler dur pour développer la vie du club.
Comment envisages-tu la suite de ta carrière ?
HF : J’aimerais, par la suite, obtenir un poste de directeur technique avec une part terrain et une part hors terrain. Avoir un temps plein, mais pas que du terrain, afin de préparer des projets, d’animations et sportifs. Avoir un suivi et une cohérence dans une politique sportive de club.
Je n’ai pas vraiment l’ambition de « sortir » des joueurs de haut-niveau. Par contre j’apprécie d’être en situation de formateur. J’ai eu une première expérience de jury avec la formation AMT et j’ai beaucoup apprécié !
Comment trouves-tu que la formation de moniteur DEJEPS tennis t’a préparé au métier?
HF : Je me sens bien formé, sur le projet de club et sur le plan technique. Mais je m’aperçois que l’animation des groupes enfants ou adultes est une réalité que l’on aborde moins en formation.
J’aurais aussi aimé avoir un peu plus d’heures de pratiques et de moyens avec des « cobayes » pour expérimenter des correctifs et des éducatifs. Ceci dit, les temps d’observation sont tout de même présent mais quand une quinzaine de stagiaires se retrouvent rassemblés sur un ou deux terrains, il n’est pas évident d’être toujours à l’écoute et c’est dommage.
J’ai apprécié l’ensemble de la formation, la rigueur et l’exigence des formateurs, et aussi en particulier la plateforme internet sur laquelle j’ai pu obtenir des documents très intéressants pour ma formation et que j’utilise toujours en tant que professionnel.
Exerces-tu ton métier comme tu le souhaites, comme tu l’espérais ?
HF : C’est l’idée que je m’en faisais. Mais le rythme n’est pas simple en finissant tous les soirs à 22h/22h30. Ce n’est pas idéal pour la vie de couple par exemple (rires).
Commencer à 17h sa journée de travail, ce n’est pas toujours évident pour se positionner. J’organise également des stages et j’ai été amené à renégocier les conditions d’exercices de ces stages.
Quelle est la principale difficulté que tu rencontres dans ton métier ?
HF : Mes employeurs – les dirigeants – sont des bénévoles, alors que je suis un salarié professionnel. Il y a souvent un décalage dans la réactivité de chacun. Cela dépend des compétences et de la connaissance du milieu des dirigeants. Quand on rencontre de la compétence c’est plus facile. Je suis force de proposition mais ce sont les dirigeants qui prennent des décisions.
Es-tu satisfait de tes conditions de travail ? de ton salaire ? de tes horaires ?
HF : J’ai des heures collectives dans la semaine, adultes, enfants et compétition. Je dispense environ 5h par semaine de cours particuliers.
Le taux horaire est bon mais je ne suis payé que sur les heures faites sur les semaines réelles de cours, puis lissées sur l’année. Donc à l’arrivée un salaire correct sans plus.
J’ai principalement des heures compétition et adultes. Je finis tous les soirs tard. Le salaire est tout à fait correct, comparé à d’autres professionnels mais demande beaucoup de présence terrains. A 25 ans, ça va…mais qu’en sera-t-il à 40 ans ?
Comment qualifies-tu tes relations avec ton (tes) employeur ?
HF : Bonnes sur le plan administratif et relationnel, mais il y a encore trop de lenteur dans la mise en place de projets d’animation et sportifs. J’ai essayé de mettre en place des entrainements physiques, des tournées de tournois mais cela prend un certain temps.
Propos recueillis par Jean-Paul Pestre, pour l’ACFT/Trans-Faire
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One Comment on ““Interview d’Hugo, moniteur DEJEPS tennis””
Je suis pas sur si les entraineurs de tennis sont payés convenablement. Mais c’est sans doute un métier dur et fatiguant. Surtout pour les personnes les plus âgées, qui ne peuvent plus fournir le même effort qu’avant. La majorité des entraineurs de tennis en France ne sont pas satisfaits de leurs conditions de travail..