La seconde vie du sportif de haut-niveau

Patrice GRUETDossiersLaisser un commentaire

seconde vie du sportif de haut-niveau

Dans la vie d’un sportif de haut-niveau (SHN), le double projet fait souvent office de fil rouge et s’avère sujet à réflexion. Cette seconde vie, sorte de mue progressive de l’athlète, est une thématique cruciale qu’il se doit d’anticiper le plus tôt possible pour envisager un atterrissage en douceur. On en parle aujourd’hui, accrochez vos ceintures.

Des efforts pour encadrer le sportif de haut niveau

Bonne nouvelle : La France fait parti des bons élèves concernant l’encadrement des sportifs dans leur reconversion. En effet, depuis de nombreuses années, l’État, via le ministère des Sports, se mobilise à ce sujet en veillant au développement d’une législation stricte et rigoureuse.
Celle-ci contraint notamment les centres de formation du sport de « haut-niveau » à l’obtention d’un agrément spécifique pour former ces athlètes. Cet agrément est conditionné par une articulation spécifique entre l’apprentissage pédagogique et sportif.

A ce sujet, les SHN de l’INSEP ont la possibilité de bénéficier d’une Convention d’Insertion Professionnelle (CIP). Quoi? Un CIP? Oui, un contrat annuel passé entre une entreprise privée ou publique et l’État dans lequel l’employeur s’engage à prendre en compte la pratique sportive de « haut-niveau » de son employé (CDI à temps plein) en le libérant lors des épreuves et stages définis par le Directeur Technique National (DTN) de la fédération en question.

« Les clubs sont en train de comprendre qu’ils ont une responsabilité sociétale quant à l’accompagnement post-professionnel de leurs joueurs »Bruno Martini

Une sortie de route souvent inévitable pour le sportif de haut-niveau

Pointilleux certes, mais pas suffisant pour qu’un bon nombre de sportifs se prennent les pieds dans le tatami et ratent le virage de la reconversion.
Alors pourquoi tant de difficultés? Pourquoi certains sportifs négocient mieux leur reconversion que d’autres en fonction de leur sexe, leur sport, leur âge ou leur médiatisation? Une chose est sûre,  :  pour bien gérer l’après-carrière, il faut « s’y prendre le plus tôt possible« .

Être SHN, c’est sympa (faut pas se mentir) mais ça représente beaucoup de risques pour préparer le futur sereinement. Et il est difficile de reprocher à un(e) athlète de 17 ans, qui vient de passer 5 ou 10 ans à s’entraîner quotidiennement pour atteindre son rêve, de lui demander de commencer à anticiper le futur, surtout quand le jeune en question gagne bien (ou très bien) sa vie.

Être sportif de haut-niveau, c’est aussi la multiplication des risques d’avoir un entourage intéressé, peu fiable voire louche dans certains cas de figures (Bonjour Karim). Il est connu que la famille, les amis et mêmes les professionnels des métiers (agents, avocats, sport business) qui gravitent autour des sportifs les influencent beaucoup, et souvent pas de la meilleure manière.

« Pour ça (s’épanouir), les clubs doivent aider leurs sportifs à ouvrir d’autres portes que celles de leur vestiaire« 

Soyons clairs, combiner l’exigence sportive à des études (ou un travail) est un exercice extrêmement difficile, voire périlleux,  que certains entraîneurs déconseillent, priorisant la performance. Choix sportif donc, qui impacte forcément le développement intellectuel des sportifs, leur apprentissage citoyen et leur stabilité psychologique et émotionnelle.

La responsabilité des clubs dans l’accompagnement du sportif de haut-niveau

L’enjeu actuel est donc d’aider les (jeunes) athlètes à s’épanouir pas uniquement sur les terrains, mais ailleurs, en découvrant de nouveaux horizons. Pour ça, les clubs doivent les aider à ouvrir d’autres portes que celles de leur vestiaire. Et de plus en plus de clubs le comprennent.

En effet, bon nombre de clubs proposent à leur effectif des journées (ou semaine) d’initiation en entreprise, sorte de « vie-ma-vie » pour les former à la vie d’entreprise et leur ouvrir l’esprit. Une bonne idée, souvent appréciée des joueurs et des joueuses.

A ce sujet, nous avions d’ailleurs accueillis une joueuse de handball, Coralie Lassource  (Issy Paris Hand / Equipe de France) l’année dernière dans nos locaux. Elle avait alors prêté un coup de main au secteur marketing.

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Bruno Martini, ancien handballeur français et manager du PSG Handball a bien compris l’importance de la double carrière, pour preuve, 80% de ses athlètes suivent une formation parallèle. L’homme au nom de cocktail déclare :  «Les clubs sont en train de comprendre qu’ils ont une responsabilité sociétale quant à l’accompagnement post-professionnel de leurs joueurs». On espère que vous dites vrai Bruno.

Le rapport Karaquillo, un rapport aux petits soins

Réfléchir à comment protéger et préparer les athlètes, voila donc l’objectif du rapport de 126 pages rendu le 18 février 2015 par Jean-Pierre Karaquillo, professeur agrégé des facultés de droit, à Thierry Braillard, secrétaire d’Etat aux Sports.
Pour l’occasion, le créateur du Centre de Droit et d’économie du Sport de Limoges (la où Mr. Zizou à obtenu son diplôme) n’a pas fait les choses à moitié et est venu accompagné d’une pléiade de personnalités du monde sportif dont Martin Fourcade (biathlon-ski de fond), Gwladys Epangue (taekwondo), Astrid Guyart (escrime), Virginie Dedieu (natation synchronisée) ou encore Eric Carrière (football). Grosse équipe.

Les statuts des SHN ont donc  été traité selon deux axes principaux :

  • La préparation des sportifs à la carrière sportive et à l’après-carrière sportive
  • La protection des sportifs pendant leur carrière sportive et la sécurisation de leur statut juridique

Des 41  recommandations issues de son rapport, 4 sont directement tournées vers les nouveaux enjeux du double projet du SHN :

  • Dans la formation initiale : consolider  l’éducation citoyenne et l’apprentissage sportif
  • Donner les moyens nécessaires à la réussite du double projet tout au long de la carrière du sportif
  • Consolider les passerelles entre le sportif de haut niveau et les entreprises
  • Responsabiliser les fédération et clubs dans l’importance de leur action dans la reconversion du SHN.

Voici donc plusieurs raisons de positiver, pour vous sportifs de haut-niveau et pour nous, admirateurs, car un athlète bien dans sa tête et dans ses basket, c’est de meilleurs résultats assurés !

Article rédigé par Joaquim Pestre et Pauline Laïd

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